Samedi 22 juin Vernissage de l’exposition « Échappées »

Nous vous invitions au vernissage de l’exposition « Échappées », exposition qui se déroulera du 22 juin au 7 septembre 2013.

Les artistes présentés sont

Franck Chalendard

Colombe Marcasiano

 Égide Viloux

commissaire de l’exposition, Philippe Cyroulnik

 

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Échappées regroupe trois artistes dont l’œuvre, sans renier une inscription dans la pratique picturale se plaît à récuser les assignations à résidence propres aux divisions instituées par les conventions. Par-delà leur grande différence, on peut noter un point commun qui consiste à ne pas s’en tenir à ce qui devrait être leur territoire propre.

La peinture de Franck Chalendard récuse la notion de style. Il est du côté du processus dans le sens où ce qui l’intéresse c’est une certaine façon d’attaquer le plan, le geste et le motif – sans hiérarchie entre chacun – afin d’étendre le champ de l’expérience picturale. Il vient de faire une série de reliefs qui déportent le tableau vers ce qui relève d’éclats volumétriques colorés dans l’espace. Dans le chaos des restes et des chutes, il cherche, par le jeu de l’assemblage et de la couleur, à créer des concentrés de formes, de gestes et de couleurs. Il y a dans ses reliefs un art de travailler avec le déchet qui n’est pas sans évoquer les combine-painting de Rauschenberg ou les Merzbild de Schwitters.

Colombe Marcasiano inscrit son travail à la croisée de chemins où l’on pourrait rencontrer la peinture, la sculpture et le design mais sur un mode pauvre, volontairement fragile, « faible ». Pas de high-tech ici, mais plutôt une présence du faire avec ses empreintes, ses accidents et un côté maquette plus qu’objet quand bien même la taille peut être importante. Ainsi voit-on souvent chez elle des formes qui flirtent avec l’objet sans complètement s’y réduire. Des objets qui tendent à devenir des socles et réciproquement. Des couleurs qui peuvent évoquer l’ameublement et renvoyer simultanément au monochrome. Des chutes qui vont faire sculpture de paysage, des sculptures qui évoquent la palette du peintre ou le nuancier de l‘artisan. Des panneaux traités autant comme des tableaux que comme des paravents ou des murs, où se décline ce qui relève à la fois de la grille et du motif. Une dialectique entre la forme et la fonction qui permettrait le bonheur de l’une dans la ruine de la seconde.

Égide Viloux soumet la peinture aux aventures de la forme et de l’espace. La ligne et la couleur contredisent ce qu’elles devraient affirmer : une géométrie de la couleur et du dessin. Il y a un jeu constant entre le plan et l’espace qui part d’une rencontre surprenante entre le champ du tableau et celui de l’objet. S’opèrent ici des déplacements allegro vivace de la valeur d’usage à la valeur esthétique.

Avec la géométrie et la peinture, Viloux procède un peu comme un Jacques Tati de la peinture. Il multiplie les effets de dérivation, de contresens ou de double sens. Un cercle est chez lui autant une forme, un signe et un trou qu’une cible . Mais il peut aussi devenir une trouée entre l’espace pictural et celui de notre environnement. Tout concourt chez Égide Viloux à ce voisinage entre le réel et l’art, comme l’utilisation de matériaux essentiellement industriels dans sa production. Et l’inclusion de l’objet (balles échelles, balais, etc.) vient comme démentir l’artefact pictural tout en étant constitutif de tableaux et volumes qui y ressemblent à s’y méprendre. Sa façon d’intégrer les arts ménagers dans l’art introduit une bonne giclée de décapant dans la térébenthine de l’art.

Trois échappées donc dans des territoires où l’art se défait de ses oripeaux académiques pour respirer au grand air.

Philippe Cyroulnik

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